+33 (0) 6 62 09 28 00
Sélectionner une page

Tout comme la puberté ne signifie pas l’arrivée à l’état de maturité hormonale, et qu’il faut 10 ans pour que la jeune fille arrive à la pleine maturation de son système hormonal ET nerveux, de même il faut 10 ans pour que le corps de la femme s’adapte à la disparition de la plus grande partie de ses hormones sexuelles.

La pré-ménopause ou péri-ménopause commence souvent vers 40 à 45 ans, parfois plus tôt du fait de notre mode de vie (on voit des effondrements hormonaux dès 35 ans aujourd’hui), et se poursuit jusqu’à environ 52 ans, âge moyen de la ménopause.

Les hormones et leur équilibre (en particulier chez la femme, un rapport adéquat entre progestérone et œstrogènes) sont d’une importance capitale pour équilibrer l’organisme dans toutes ses fonctions. La disparition de la majorité des hormones sexuelles est un bouleversement physiologique majeur qui nécessite une adaptation progressive.

Les hommes ne vivent pas un tel passage : la testostérone diminue plutôt de façon linéaire et très progressive (1 à 2% par an).

Chez la femme, ce sont presque 95% des hormones sexuelles (œstradiol, testostérone et progestérone) qui disparaissent en peu de temps. Or ces hormones ont des rôles majeurs dans la régulation de l’eau, le stockage des graisses, la densité musculaire et osseuse, la nutrition du cerveau, la tonicité de la peau, la santé des muqueuses urinaires et vaginales, le sommeil etc etc.

Toutes les femmes ne vont pas passer le cap avec autant d’aisance. Certaines femmes, surtout celles qui ont un mode de vie sain, équilibré, sans stress, et une structure osseuse et musculaire solide, vont bien passer le cap. Les autres, soit environ 80% des femmes en Occident, vont souffrir de divers symptômes, parfois très invalidants, et ce pendant 7 à 10 ans.

L’arrêt des symptômes ne signifie pas que le corps va mieux : en réalité, le métabolisme s’est tellement affaibli que la réponse nerveuse à l’insuffisance hormonale n’arrive plus à s’opérer. Les dégâts liés à la chute hormonale continuent à opérer un vieillissement de tous les tissus et organes.

Les signes du déséquilibre hormonal

Les symptômes du déséquilibre hormonal sont multiples et varient d’une femme à l’autre :

  • prise de poids
  • rétention d’eau
  • insomnies, fatigue chronique
  • vertiges
  • bouffées de chaleur, transpiration excessive, sueurs nocturnes
  • humeur changeante, avec des passages dépressifs, et/ou de l’irritabilité …
  • sensation de stress intense
  • pertes de mémoire, brouillard mental et troubles cognitifs, jusqu’à la maladie d’Alzheimer et d’autres démences séniles
  • douleurs articulaires
  • fonte de la masse musculaire
  • ostéopénie puis ostéoporose
  • rides et perte de tonus de la peau en général,
  • descente d’organes : ptôses mammaires, ptôse de vessie et ptôses utérines
  • dessèchement des muqueuses vaginales et douleurs aux rapports
  • polypes utérins, fibromes, mastoses
  • infections urinaires
  • perte de libido
  • hypertension
  • etc.

Ces symptômes sont très nettement liés à la baisse hormonale ou à un déséquilibre entre les hormones. D’autres facteurs vont souvent aggraver la situation, comme l’état acido-basique, la gestion du sucre, les infections froides (souvent non détectée) etc.

Pourquoi tous ces dérèglements ?

Les causes de souffrance durant la périménopause

Pourquoi certaines femmes ne voient pas arriver leur ménopause et n’en souffrent pas, et d’autres vivent-elles un enfer ? Voici quelques uns des facteurs à l’origine des désagréments.

1 Surmenage et Stress.

D’abord, parlons du mode de vie moderne, bien trop stressant et surchargé en sollicitations. Essentiellement on peut dire que la société moderne DÉSADAPTE la femme : elle oblige la femme à fonctionner comme un homme à bien des égards, la poussant à FAIRE et à PERFORMER, à PRODUIRE, à être RENTABLE, … alors que le rôle du féminin est un rôle de foyer, de matrice, de réceptivité, de création et d’éducation. En outre, la femme va souvent cumuler 3 à 4 métiers en une journée (travail professionnel, cuisinière, ménagère, enseignante, épouse, maman, soutien de famille …) : elle est stimulée constamment et toujours plus. A ces pressions d’une société patriarcale qui veut traiter la femme comme un homme, et à la pression que la femme se met à elle-même, s’ajoutent les sur-stimulations des réseaux sociaux et la présence permanente des écrans. Au lieu de se reposer ou d’aller dans la nature, la femme moderne « surfe » sur les réseaux, regarde des séries TV (qui sont loin d’être relaxantes), … et s’inquiète de l’actualité. S’ajoutent encore à cela des sports trop extrêmes (augmentant le cortisol) et trop de trajets en voiture.

N’oublions pas non plus l’impact de traumatismes antérieurs : non réglés, ils vont automatiquement augmenter la dysrégulation du système nerveux.

Cette situation est délétère pour la santé de ses hormones et de son système nerveux, quelque soit le jour et le mois. Mais j’insiste en particulier sur le fait que tout surmenage en seconde partie de cycle menstruel va perturber la synthèse de la progestérone, ce qui amène des perturbations hormonales majeures, souvent dès l’adolescence (lycée, entrée en FAC etc). Le stress chronique crée par ailleurs une production constante de cortisol qui va freiner massivement la production des hormones de la femme, ainsi que la production des hormones thyroïdiennes et perturber massivement la gestion du sucre.

Dans une telle situation, le système nerveux, qui intervient toujours comme un régulateur de 2e niveau (les hormones sont la 1e voie de régulation) pour corriger la situation en cas de désadaptation, va également entrer en mode « stress » et ainsi, on obtient une perturbation sur l’axe glandulaire ET sur l’axe neurologique.

Lors de l’entrée en ménopause, la situation s’aggrave massivement : du fait de la surproduction de cortisol, les hormones sexuelles vont chuter trop fort ou trop vite, et le cerveau, déjà en mode « stress », va tenter de corriger la situation par des actions massives sur le nerf vague. On aboutit à un effondrement brutal de la progestérone, souvent rapidement suivi par l’effondrement de l’œstradiol et de la testostérone. Les perturbations du fonctionnement du nerf vague vont retentir sur toute la physiologie : bouffées de chaleur qui épuisent, transpiration nocturne qui aggrave le « vide de Rein » lié à l’entrée en ménopause (concept de médecine chinoise), vertiges, douleurs de nuque et d’épaule voire douleurs articulaires générales, fatigue intense, sensation d’être stressée sans raison, réveils vers 2 à 3h du matin (pics de cortisol qui viennent contrecarrer la mélatonine), pertes de mémoires et autres troubles cognitifs, anxiété et dépression etc.

On constate un dessèchement rapide et une perte de masse noble : pertes en eau par transpiration nocturne (vide de yang de rein), apparition des rides par carence en collagène et en œstrogènes, fonte musculaire et parfois perte osseuse.

Il faut aussi savoir qu’il y a une perte de masse cérébrale majeure au moment de la périménopause (voir les récentes découvertes en neurosciences à ce sujet, et en particulier les travaux du Dr Lisa MOSCONI , qui a publié 2 livres : « The menopause brain » et “The XX Brain”.

L’arrêt des bouffées de chaleur ne signifie pas que « la phase difficile » soit « passée », mais au contraire il signifie la perte du tonus nerveux qui permettait au corps de créer les réponses compensatrices de la perte hormonale. En réalité, elle signifie une aggravation de l’état général. Et les autres conséquences de la privation hormonale vont continuer à faire leurs dégâts : sénescence du cerveau, fonte musculaire, fonte osseuse, perte d’élasticité de la peau etc.

2 Insulinorésistance et carences

L’alimentation moderne, trop riche en sucres rapides et raffinés, va enclencher un mécanisme appelé insulinorésistance, qui est un mode de protection cellulaire que nos cellules mettent en place quand il y a trop de sucre circulant. Progressivement, cela induit un cercle vicieux : prise de masse grasse qui augmente l’insulinorésistance, augmentation de la glycémie, augmentation constante de l’insuline dans le sang et épuisement du pancréas … Tout cela va créer un état inflammatoire chronique et une hyperœstrogénie causant de nombreuses pathologies chez la femme (fibromes, mastoses, cancers hormone-dépendants …).

Alimentation raffinée et transformée (pain blanc, pâtes blanches, sucre blanc, huiles raffinées et fritures, plats industriels, fast-food …), légumes et fruits issus de la culture intensive, manque de légumes et de fruits frais, … tout cela prive le corps de la majorité des micronutriments nécessaires au fonctionnement de nos cellules. Il en résulte une forme de malnutrition dans un contexte de suralimentation. Comme le disait le géant de la recherche en nutrition, Derrick Lonsdale, il y a même un syndrome de malnutrition lié à la suralimentation (« High Calorie Malnutrition ») car les carences en micronutriments vont rendre impossible la digestion, l’assimilation et le transport des macronutriments vers les cellules. On peut pointer en particulier les carences en vitamines du groupe B.

3 Perturbateurs endocriniens

Plastiques des emballages alimentaires et des bouteilles, vêtements synthétiques, cosmétiques non bio, parfums synthétiques dans les produits ménagers, les sprays en tous genres … (riches en phtalates notamment), pesticides dans les aliments, additifs … etc. vont créer un apport en xéno-œstrogènes (des molécules chimiques qui vont occuper nos récepteurs aux œstrogènes). Ces molécules sont des milliers de fois plus puissantes que nos œstrogènes naturels, donc de puissants perturbateurs endocriniens. Il est difficile de les éliminer.

A cela s’ajoute une surconsommation de produits laitiers et de viandes (bœuf, poulet) naturellement très riches en hormones et facteurs de croissance, qui vont faire flamber les dérèglements hormonaux et les pathologies hormone-dépendantes.

4 Déséquilibre hormonal sur d’autres axes

Nous avons parlé de la baisse des hormones sexuelles mais il faut aussi regarder les autres glandes endocrines. Souvent, l’ensemble des glandes subit une baisse de fonctionnement, et en particulier la thyroïde et les surrénales. Les dysfonctionnements peuvent être très anciens et s’accentuer à la ménopause. De nombreux symptômes ménopausiques sont dus à une perturbation de la thyroïde, et inversement beaucoup de symptômes que l’on pourrait attribuer à la thyroïde sont en réalité dus à la ménopause.

La maladie de Hashimoto est un cas typique, qui combine diverses causes dont les bouleversements hormonaux et une souffrance mitochondriale liée à de multiples carences.

Le ou la naturopathe va dresser un tableau complet de la progression de la périménopause et de la ménopause, afin d’offrir des solutions adaptés pour rétablir le confort de vie et freiner le vieillissement.

Comment soutenir le corps dans cette transition ?

Le naturopathe va agir sur divers leviers pour rééquilibrer à la fois le système hormonal, le système nerveux et le métabolisme fondamental.

Il s’agit de permettre au corps de trouver un nouvel équilibre à chacune des phases : depuis la préménopause, en passant par l’entrée en ménopause et jusqu’à un âge avancé. Car à tout âge, il faut ajuster les méthodes pour réduire le vieillissement induit par la raréfaction hormonale et l’affaiblissement nerveux.

Le naturopathe étudie avec soin tous les signaux envoyés par le corps, les habitudes (alimentaires, de sommeil etc.) ainsi que les émotions et l’état mental, pour savoir quel déséquilibre s’est installé, quelles en sont les causes et comment ajuster le protocole.

Les axes de travail sont : ajustement de l’alimentation, élimination des facteurs toxiques, apports micro-nutritionnels, gestion du stress par divers procédés, soutien hormonal naturel, correction des désordres métaboliques (gestion du sucre, thyroïde, souffrance mitochondriale …), soutien aux éliminations émonctorielles (intestins, foie, reins), restauration d’un bon sommeil …

Ainsi, la femme va pouvoir réajuster ses biorythmes, abaisser son état inflammatoire, mieux nourrir ses tissus, stabiliser ses émotions et son système nerveux, …

La correction se fait non pas en une seule fois, car le corps évolue constamment, mais de façon régulière, par ajustements successifs.

La 2e moitié de vie est un challenge pour la femme, elle aura besoin de prendre davantage soin d’elle. Un bilan régulier s’impose. Le but des thérapies naturelles est de soutenir le changement pour éviter la souffrance et prévenir le vieillissement. Soigner ses hormones et son terrain, c’est adopter une approche anti-âge.

Références

https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2023/02/la-menopause-transforme-le-corps-et-la-science-commence-enfin-a-le-comprendre
Dr Lisa Mosconi, « The XX Brain » et « The Menopause Brain »

Derrick Lonsdale , Chandler Marrs , « Thiamine Deficiency Epidemic: Dysautonomia, Vagal Tone, & High Calorie Malnutrition », Elsevier, 1st Edition, 2017

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21427422

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23373019

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37013763

https://www.thelancet.com/journals/ebiom/article/PIIS2352-3964(22)00485-6/fulltext

Pauline Rebouillat, Rodolphe Vidal, Jean-Pierre Cravedi, Bruno Taupier-Letage, Laurent Debrauwer, Laurence Gamet-Payrastre, Mathilde Touvier, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Paule Latino-Martel, Serge Hercberg, Denis Lairon, Julia Baudry, Emmanuelle Kesse-Guyot, Prospective association between dietary pesticide exposure profiles and postmenopausal breast-cancer risk in the NutriNet-Santé cohort, International Journal of Epidemiology, 2021;, dyab015, https://doi.org/10.1093/ije/dyab015

https://www.inrae.fr/actualites/certains-cocktails-pesticides-favoriseraient-risque-cancer-du-sein-femmes-menopausees

https://www.nature.com/articles/s41574-024-00958-0

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32720473

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9885170